En ce début d’octobre, les terroirs des Hauts de France entrent en mouvement alors que les néo-vignerons du nord se mobilisent avec enthousiasme pour les vendanges. La semaine dernière, les vendanges de Chardonnay ont débuté au domaine Terres de Grès pour leur deuxième millésime, tandis qu’au terril d’Haillicourt, la récolte des raisins destinés au Charbonnay est imminente. Le climat du nord, souvent décrié, ne nécessite guère de publicité : oui, il pleut beaucoup, et ce millésime 2024 ne fait pas exception à la règle.
Si les terroirs des Hauts de France sont majoritairement argilo-calcaires à crayeux, fruit d’une histoire géologique riche, l’histoire humaine a donné naissance à des néo-terroirs fascinants : les Terrils. Contrairement aux anthropo-sols de la vallée du Douro, issus de la dégradation forcée par l’homme d’un terroir existant, ces néo-terroirs sont entièrement façonnés par l’activité humaine.
Les sols de craie et d’argile-calcaire, bien qu’ils offrent un micro-climat frais pour la vigne, se distinguent par leur exposition généreuse aux rayons UV. La fraîcheur, bien qu’elle puisse sembler peu accueillante, présente un atout majeur : ces sols agissent comme des éponges, absorbant et retenant l’eau. Cependant, plus la proportion d’argile est élevée, moins cet effet est bénéfique. Les cépages judicieusement sélectionnés pour leur adaptation aux climats frais, tels que le Chardonnay, le Pinot Gris, le Pinot Noir précoce, ainsi que divers hybrides, permettent de produire des vins d’une qualité remarquable.
Prenons l’exemple du domaine Terres de Grès à Olhain, qui élabore des vins à base de Chardonnay dont la fraîcheur sublime l’équilibre des élevages sur lies ou en fût. Dans d’autres régions historiques où ce cépage peine à maintenir cet équilibre, la situation est tout autre.
À l’opposé, les néo-terroirs des terrils, composés de schistes, Classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2017 offrent de nombreux avantages. Ils confèrent un micro-climat plus chaud à la vigne, tout en étant bien drainés grâce à leur pente. Cette inclinaison permet également une exposition optimale aux UV, favorisant ainsi la photosynthèse.
Si l’on se penche sur ces quelques différences, il en découle que les Terrils produiront des vins aux arômes de fruits plus mûrs, tout en veillant à préserver l’acidité, alors que les vins issus de nos terroirs argilo-calcaires historiques se caractériseront par des acidités marquées et des arômes de fruits plus frais. Un parcours prometteur pour une région qui a longtemps attendu sa reconnaissance.
En effet, c’est en 2016 que l’autorisation d’augmenter les plantations de vignes a été accordée, s’étendant aux vignes sans AOC à condition de ne pas nuire aux AOC existantes, comme celle du Champagne. Puis, en 2017, la création de nouvelles régions a intégré l’Aisne, productrice de Champagne, dans les Hauts-de-France. Enfin, 2021 a marqué un tournant avec l’obligation pour la France d’autoriser les Hauts-de-France à produire et commercialiser ses propres vins, la Commission européenne ayant jugé l’interdiction historique contraire à la liberté de marché.
Il serait réducteur de penser que la culture de la vigne est le fruit d’un « réchauffement climatique ». Ici, il s’agit plutôt de dé-réglement climatique… Ceux qui vivent dans cette région le savent bien : la pluie s’invite plus souvent que le soleil.
Afficionados, préparez-vous à découvrir un monde vinicole en pleine mutation ! Pour aller plus loin sur la compréhension des terroirs, ce matin, est parût cet article très complet et bien écrit sur ceux des Terrils, je vous invite à le lire !
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