Les conseils de Tata Pinard

Le Dry January® en question

par | 20 Jan 2024

Bon, je vous préviens, je suis dépitée. Je viens de faire le tour des différents sites européens concernant le Dry January®. Et j’en suis revenue dans tous les sens du terme.

Au départ, l’idée de faire le point sur sa consommation d’alcool c’est intelligent, pertinent, nécessaire. L’impact sur notre « Will Power » (Volonté) peut être très utile pour les personnes ayant des difficultés à résister. Surtout face à la tentation d’un dernier verre avant de prendre la route. Pour cette raison, il est évident que nous devrions soutenir cette idée. Mais est-ce vraiment ce que le Dry January® nous propose ?

Emily Robinson at Alcohol Change UK

Emily runs a semi-marathon

C’est en 2011 qu’Emily Robinson, qui ne courait pas, décide de s’engager dans un semi-marathon. Jusqu’ici tout va bien. Emily est tendance. Tendance qui ceci-dit a bénéficié plus tard de la Pandémie, lire cet article très intéressant…Nous ne sommes que produit ahahaha !

Emily met toutes les chances de son côté et suit donc un régime (retenez bien ce mot, on y reviendra). Précisons que la compétition aura lieu en février. Après avoir commencé l’entraînement, notre nouvelle athlète se sent plus énergique, moins stressée et a même perdu du poids. Ce dernier point était l’un de ses objectifs. Rien de surprenant ici, car nous connaissons bien les nombreux avantages du sport sur la santé mentale et physique. D’ailleurs, qui a dit que le sport nuisait au corps ?

Voir la vidéo ici, avec Emily et Dr Richard Piper (CEO of Alcohol Change UK). L’association a pour but de limiter l’impact négatif de la consommation d’alcool mais pas être un lobby anti-alcool

La question qui questionne

Ce qui est plus surprenant, c’est que son entourage ne s’émeut pas des bienfaits du sport. Mais lui demande se que cela fait d’arrêter de boire ? !

Je vous laisse méditer sur cette dernière phrase: Qu’est ce que cela fait de ne pas boire ?

Clairement, si vous ne savez pas répondre à cette question: interrogez-vous rapidement sur votre relation à l’alcool. Je vous invite à aller sur le site Alcool info service.

Dans une relation saine à l’Alcool, l’arrêt de celui-ci ne doit RIEN vous faire. Rien de particulièrement notable.

Bref, l’histoire ne s’arrête pas là. Allez savoir pourquoi, le « hasard » fait bien les choses: Emily se retrouve à travailler chez Alcohol Change. Comme dirait notre ami Karl (Yung) si ce n’est pas de la synchronicité !! Hasard, synchronicité, il n’en fallait pas plus pour y voir une mission. Et c’est ainsi que né le Dry January® en 2013 avec la mission de nous sauver de la consommation d’alcool.

Quel est l’impact d’un tel logo ?

Le royaume uni, Berceau du Dry January®

https://alcoholchange.org.uk/help-and-support/managing-your-drinking/dry-january/about-dry-january/the-dry-january-story

En chiffre:

En 2013, 4000 participants

En 2023, 175000 participants

Objectif pour 2024, 200 000 participants…Pas de chiffre officiel encore.

J’ai trouvé très bien qu’il y ai un avis en première page, pour les vrais dépendants à l’alcool. Signifier que l’arrêt brutal peut entraîner la mort et la direction vers les services adéquats.

Le DRY JANUARY un objectif SMART ?

Si on considère que pour qu’un objectif soit atteint il est intéressant qu’il soit SMART. SMART pour Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini. Qu’en est il du Dry January® ?

  • Spécifique: 1 mois sans alcool (Ok c’est spécifique)
  • Mesurable: 0 alcool (c’est mesurable)
  • Atteignable: Là, comme dirait Zézette, ça dépend… Selon votre relation à l’alcool cela peut-être très facile à atteindre, ou au contraire très difficile. L’objectif est il donc si spécifique, si l’objectif devient: Comprendre ma relation à l’alcool ne serait-ce pas plus atteignable ?
  • Réaliste: Même réponse qu’à atteignable. Peut-être dois je préciser, dans notre métier (Dégustateur, Sommellier, formateur en vin etc) il ne nous est pas difficile de faire un mois sans alcool. On crache et c’est tout.
  • Temporellement définie: 1 mois, c’est plutôt clair.

Le dry January ou comment augmenter ton Will Power ?

Dès 2014 l’association Alcool Change tient un discours dont la clé est « Ne pas boire d’alcool pendant un mois c’est une façon d’augmenter ta volonté »

Complètement d’accord et cela rejoint mon introduction. Ce ne sont pas les autres qui mettent un couteau sous la gorge pour boire ! Chacun d’entre nous qui peut-être ne savons pas dire non. Si vous êtes dans ce cas, testez vous !!!

Les autres points sanitaires sont l’amélioration de la qualité du foie, du cholestérol et enfin de la glycémie. Par conséquence, une baisse de poids. Mais sans vraiment de chiffre qui disent combien ? J’ai envie de dire, que plus tu buvais et plus les effets de l’arrêt sont positifs. 

Dès 2015 l’organisation gouvernementale Public Health England adoube le mouvement. Dès 2016, les bières sans alcool apparaissent dans les Pubs, institution anglaise ! C’est important, car cela prouve la volonté de vouloir inclure tout le monde. Carseuls ceux qui ne connaissent pas les pubs considèrent qu’ils sont hostiles aux non buveurs d’alcool. Les bars, les restaurants servent avec autant de plaisir des boissons non alcoolisées, depuis les jus de fruit aux Mocktails.

Les résultats étonnants

En 2024, voici ce qui est mis en avant sur le site officiel:

  1. Meilleure qualité de peau, plus d’argent. -Même si vous prenez votre bière sans alcool au pub? – Des journée plus remplie, esprit calme, des matins plus frais…
  2. Côté Santé: Diminution de la tension artérielle (merde la mienne est déjà trop basse). Réduction des risques de diabètes (sauf si vous remplacez par du sucre). Cholesterol plus bas, diminution des risques de Cancer liés aux protéines dans le sang.
  3. Sur le long terme, une consommation plus modérée tout au long de l’année, et en meilleure santé. Reste à savoir ce qu’est la modération, non ?

Voici la clé de lecture de ces résultats proposée par le site: 1 mois sans alcool vous permet de réaliser que vous n’avez pas besoin de lui pour socialiser, vous amuser et vous relaxer.

Ça, ça me questionne…

Les personnes ne voient pas qu’il y a un souci à consommer de l’alcool uniquement pour se détendre, socialiser ou s’amuser. Mais enfin !?

Est ce que Socialiser veut dire boire de l’alcool ?

Je déguste et bois du vin pour découvrir, comprendre, étonner mes sens. Mais si le vin n’est pas bon, je ne prends pas une bière et encore moins un soda ou un jus de fruit. Je bois de l’eau !!!

Bon, après tout, nous sommes en Angleterre. Peut-être que les gens sont moins éduqués à ce plaisir des sens, mais j’en doute. Compte tenu du nombre importants de mes amis qui comme moi travaillent dans le monde du vin et des spiritueux.

L’article termine avec les cancers et les morts liés à l’alcool sans préciser de chiffres. Il faut avouer que c’est difficile de lier les causes et les conséquences, car de nombreux cancers sont multi-factoriels. Il est plus pertinent de lier les morts par accidents, violence liées à des états d’ébriétés avancés.Indications révélatrices d’un trouble de la consommation d’alcool
Les signes suivants peuvent indiquer que vous avez un problème avec l’alcool (consultez le site Alcool-info-service.fr pour plus d’informations) : altération du comportement après avoir consommé des boissons alcoolisées, difficulté à arrêter de boire après un verre, pertes de mémoire fréquentes, etc.

L’application DRY JANUARY® en Question

Alors, c’est ici que j’ai vraiment commencé à déchanter !

L’application vous permet de compter vos calories, unités d’alcool et argent économisé… Vous pouvez gagner des badges.

J’ai l’impression d’être dans une appli WW, ou autre de perte de poids. Ces Applis sont mises au banc des accusés de ce que l’on appelle la restriction cognitive. C’est quoi ce bordel ? Excusez-moi, mais ne nous rabâchent on pas assez avec le danger des systèmes de récompense Dopaminergiques !! … Pour en savoir plus regardez ces petites vidéos hyper instructives de la série Dopamine créée par Arte TV.

Sans parler la restriction cognitive (tendance à penser que l’on peut contrôler son alimentation pour contrôler son poids. Cela entraîne des frustrations, des pertes de contrôle, et une surconsommation alimentaire. De plus en plus étudiée dans les TCA (Trouble Comportemental Alimentaire). « Les modifications du système sérotoninergique et dopaminergique central peuvent être cause ou conséquence des TCA observés ». À lire ici , celles dont on sait que l’effet rebond est destructive.

Alors qu’on nous promet une augmentation de notre volonté, en apprenant à dire non. De fait le Dry January® focus essentiellement sur des « récompenses » rapides et non pérennes qui flattent notre égo (dopamine). Avec l’utilisation d’un système de contrôle des entrées (calories, unités etc)… On en connait les effets pervers au long terme, et surtout les risques de sur-consommation au long terme. Alors bon le royaume uni étant spécialisé en Binge drinking peut-être que cela ne change rien pour eux. On s’arrête un mois, on est content et on boit trop ensuite.

le Dry January® focus essentiellement sur des « récompenses » rapides et non pérennes qui flattent notre égo (dopamine) en utilisant un système de contrôle des entrées (calories, unités etc)…dont on connait les effets pervers au long terme, et surtout les risques de sur-consommation au long terme

Ne serait-ce pas plus logique d’établir une application qui mesurerait vos sensations, vos émotions: Pourquoi parfois il est plus difficile de dire non à un verre d’alcool et parfois très facile ? Aider à identifier notre rapport unique aux boissons alcoolisées ?

Stéphanie Hennion dipwset
On peut discuter de la créativité ?

Le DRY January® en France…

On notera, que nous gardons le nom anglo-saxon. Le service créa devait être en vacances. 

On utilise le terme de défi. Allons bon, il s’agit donc d’une compétition. Compétition pourquoi, être meilleur ? On gagne un trophée…Voyons plus loin.

On dit que des millions de personnes partout dans le monde font une pause. Après vérification des statistiques mondiales, je ne trouve aucune donnée/source.

Finlande (et encore l’histoire est complètement différente, 1942 le Sober January visait à contre carrer les Russes), UK, France… Sur le site on parle de 12 Pays, mais sans les citer…peut-être des millions à déclarer qui le font mais combien le font vraiment ? C’est un peu comme les chiffres des syndicats et celui de la police 😉

J’ai la sensation qu’on me manipule. Je comprends très vite le raison de cette sensation en trouvant la réponse à ma question première. Pourquoi avoir gardé le même nom ? Dry January® est une marque déposée par Alcohol Change UK. Le site français est donc la traduction du mouvement anglais.

Dry january® sur le site français

Ici, je commence à être taquine, je n’aime pas qu’on me prenne pour une (b)onne

  • 71% des participants dorment mieux (peut-être parce qu’ils sortent moins…et puis en janvier on est fatigué)
  • 88% des participants économisent de l’argent (en même temps après les fêtes…et si en plus tu ne sors plus)
  • 80% des participants disent mieux contrôler leur consommation d’alcool, ça c’est super !!
  • 33% des Français « envisage » de participer au DRY January®…il sort d’où ce chiffre. Personnellement, je connais 1 personne qui le fait, et il est apprenti sommelier. Je précise avoir plus de 3 amis. Et vous, vous y croyais à ce chiffre ?

Les effets mis en avant

  • une peau fraiche et plus belle,
  • un sommeil amélioré donc plus d’énergie,
  • une économie d’argent,
  • une meilleure santé puisque l’arrêt durant un mois fait un bien considérable au corps, (c’est à dire ?)
  • et un merveilleux sentiment de victoire et de fierté !

Arrêter le shopping, le saucisson sec, la pâte à tartiner, les séries Netflix en continue, le café après 5 heures de l’après-midi, se mettre au sport, à la lecture ont les mêmes effets.

Ce qui m’ennuie vraiment, c’est la façon dont les « sorties » ont l’air d’être limitée par le Dry January® permettant une économie et un meilleur sommeil. Parce que sinon comment expliquer ces chiffres: Les boissons sans alcool coûtent plus ou moins le même prix que celles avec (c’est même un gros débats chez les anti-alcool), et clairement si l’alcool t’empêche de dormir…il faut consulter !

Une question de choix, de volonté

Il y a cette phrase, qui je trouve, est non seulement intéressante mais positive:

« Ainsi repérer les verres qui ne correspondent pas à un choix délibéré mais plutôt à une routine. »

Parce que oui, boire une boisson alcoolisée doit être un choix éveillé. C’est exactement comme en conduite, soit tu roules soit tu conduis. Avec l’alcool, soit tu bois pour boire, soit tu bois pour déguster, découvrir, détendre, éveiller ton esprit et que sais-je encore. ÉDUCATION, voilà le mot qui me vient en tête. Evidemment que la consommation de boissons alcoolisée se doit d’être éduquée. Ce que disaient déjà les Grecs il y a plus de 2000 ans.

Ça me rappelle un propos entendu, où on prétendait à un lobby pro alcool en france extrême puissant « Vin et Société », allez visiter leur page, 5 personnes au bureau, et comparez à ceux qui soutiennent financièrement le Dry January® en France. Evidemment il faut lutter contre tout types d’addiction, y compris celles liées à la consommation d’alcool. Mais on voit un grand nombre de personnes tout confondre. Surtout dans nos métiers. Les personnes pensent que nous buvons toute la journée, alors que c’est tout le contraire, nous goûtons, donc crachons. Nous sommes éduqués aux risques liés à la consommation d’alcool. L’éthylotest n’est jamais loin…

Un Lobby du vin

Vin & Société est une structure unique en France, en ce qu’elle représente l’ensemble de la filière vitivinicole, producteurs et négociants. Ses membres sont au nombre de 28, à savoir 21 inter-professions régionales et 7 organisations professionnelles nationales. Ses 28 membres cotisent chaque année à l’association. Ces cotisations, fixées annuellement par l’Assemblée Générale et réparties selon le Règlement Intérieur, représentent l’intégralité du budget de Vin & Société.

Je pense que les sociétés internationale de vente d’alcool type Perraud Ricard, Diageo, Castel à elles seules sont bien plus puissante que Vin et Société dont l’équipe se compose de 5 personnes et un bureau à paris…et c’est plutôt elles que nous devrions mettre en cause. Notamment avec leur campagnes qui cherchent à allier festivité et sur-consommation non réfléchie dès le plus jeunes âges et dans des lieux où les adultes/parents n’ont pas de prise.

Bref

Le Dry January® chez les Belges

Les belges se montrent plus irréductibles et bien plus pertinents dans leur façon d’amener ce mois à repenser sa relation à l’alcool. Commencé en 2017, supporté par la Fondation contre le cancer. 120 000 personnes participent à la première « Tournée Minérale ». Le petit royaume semble imperméable à la trademark britannique. En 2024, 1,5 millions ont déclaré faire cette tournée…cela reste une déclaration, et de fait cela reste non factuel.

En plus de l’humour, nos amis belges sont plus SMART, le défi (encore un) se passant sur le mois le plus court de l’année, Février. C’est aussi un mois naturellement plus calme en terme de consommation. Si on reprend les rites de Jeûne liés au christianisme, traditionnels de nos pays occidentaux, ceux-ci ont lieu naturellement en Février (Carême, Mercredi des cendres etc)

C’est aussi un défi, soutenu par l’ASBL Univers Santé, une association qui a vraiment un pied bienveillant dans la vie de l’étudiant belge.

Des chiffres clairs

  • 8 belges sur 10 boivent
  • L’alcool est la 2ème cause de mortalité « Évitable »
  • 1 cause de décès chez les jeunes de 15 à 29 ans (je me demande si ces jeunes ne tenaient pas un volant…et les routes belges, on connait) mais bon 
  • Là, super interessant 14% des belges de plus de 15 ans présentent des signes de surconsommation. Ça c’est super pertinent. Personne ne veut ça.
  • 80% déclarent avoir des effets positifs et en suivant le lien on les découvre:
    • d’énergie, meilleur sommeil, perdre un peu de poids, meilleure concentration
    • Et là, en bref, L’ALCOOL N’EST PAS BON POUR LA SANTÉ

Sont mis en avant les risques Addiction, maladie du foie, Cancer…tout ceci n’est pas du seul fait de l’alcool, la vie aussi amène ces risques sans vouloir être démago, mais bon dans l’ensemble j’y retrouve de la communication saine, des faits sans transiger et une bonne énergie.

Le Dry January® est Mort, vive le DAMP January !

Mes conclusions sur le Dry January:

  • Quoiqu’on en dise: C’est un lobby.
  • Les propos sont tronqués pour nous faire croire l’alcool c’est pas bon et si tu relèves le défi tu seras meilleur.e.s que celui ou celle qui ne le fait pas, mais surtout tu auras perdu du poids, mieux dormi, et économisé de l’argent.
  • Malheureusement force est de constater qu’à ce jour les boissons sans alcool type vin, bière etc restent plus chère à l’achat professionnel, à l’exception des bières, on a du mal à trouver des modèles d’excellence mais on continue à chercher. En attendant, l’eau c’est top aussi.

L’ensemble des sites, semblent faire une corrélation entre sortie et consommation d’alcool, si c’est votre cas, si vous vous sentez obligé de boire dans ses conditions, questionnez vous: Est ce vous ? Votre entourage ? C’est pour moi la partie la plus intéressante de ce défi, questionner sa propre relation à l’alcool et sa volonté face à sa consommation… et pour ça, pourquoi ne pas commencer par respecter les règles de base: Pas plus de 2 verres par jour, et 2 jours d’abstinence par semaine.

C’est ce que propose le Damp January… et finalement ce que l’ensemble des acteurs politiques disent !!

Attention, l’alcool même avec modération peut entraîner de graves conséquences chez certaines personnes. Je vous invite à veiller sur vos proches.

LES MÉTIERS DU VIN ET LE DRY JANUARY®

À plusieurs reprises, dans les articles et les vidéos (documentaires) j’ai pu constater que le sujet du vin revenait comme une opposition au Dry January. Pourquoi ? La consommation de vin ne cesse de diminuer depuis des décennies. Le lobby du vin est inexistant, sauf si vous parlez de Vin & Société mais voir plus haut…et s’il existe bien une boisson alcoolisée pour laquelle nombre d’ateliers et de cours sont donnés pour prôner la modération c’est bien celui-là. Sans parler de la loi Evin.

J’ai été surprise qu’au contraire, la dégustation de bière ne s’accompagnait pas de crachoir…

« Contrairement aux idées reçues, tout le monde est touché, et pas seulement les ouvriers dans l’industrie, pour le dire de manière un peu triviale »

Guillaume Airagnes, psychiatre addictologue à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris et doctorant à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Les risques liés à la consommation d’alcool ne sont pas tabous

Dans les métiers du vin la question de l’alcool, de l’alcoolisme n’est plus tabou. Les crachoirs sont notre outil au même titre que le sommelier (l’outil). Une étude publiée en 2018 et débutée en 2013 sur 200 000 volontaires à montré que 23% des hommes qui travaillent dans des professions intermédiaires seraient ainsi concernés par le problème, contre 8% seulement chez les femmes. Chez ces dernières, se sont toutefois les cadres qui présentent le plus haut pourcentage de consommation à risque d’alcool (11,7%), loin devant les ouvrières et artisans (8,6%).

Chez la gent masculine, l’étude révèle que cette consommation d’alcool se traduit par une plus forte propension au « binge drinking », alors que chez les femmes on parle plutôt d’une augmentation de leur consommation hebdomadaire d’alcool. Les métiers en relation avec le public sont plus concernés.

Des métiers pas plus à risque

EXTRAIT DU BAROMÈTRE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE

Dans leur recherche, les scientifiques ont indiqué que « parmi les personnes en emploi, 11,7 % des hommes et 9,1 % des femmes déclarent que la consommation d’alcool au travail fait partie de la culture de leur milieu professionnel ». Ces proportions sont plus importantes dans les milieux de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, de la construction, de l’hébergement et de la restauration. Les activités professionnelles liées aux arts, aux spectacles et aux activités récréatives ont également une consommation importante d’alcool. Ces données concernent aussi bien les hommes que les femmes.

Les chercheurs ont constaté que les professionnels travaillant dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale ont une consommation d’alcool moins élevée que la moyenne. « La majorité des personnes en emploi ont affirmé ne jamais consommer d’alcool au déjeuner les jours de travail », ont précisé les auteurs de l’enquête, avant d’ajouter que « respectivement 22,3 % des hommes et 6,8 % des femmes en consomment au moins une fois par mois. »

LA FORMATION, L’ÉDUCATION À LA CONSOMMATION D’ALCOOL

Toutes les formations en œnologie, spiritueux contiennent un chapitre sur la santé et l’alcool, la modération etc

Je ne nie pas que dans nos métiers, mais comme partout ailleurs se trouvent des individus qui souffrent d’alcoolisme. Pour autant, s’ils leur arrivent de devenir abstinents, ils ne seront pas empêchés de faire leur travail correctement. Peut-être est ce plus visible, alors que le métier se féminise. Car nous voyons de plus en plus de femmes enceintes pratiquant les métiers de vigneronnes, d’œnologues, sommelières, mixologues etc. Car le cœur de notre expertise se travaille à jeûn. Nous crachons. Sans quoi notre cerveau serait incapable d’analyser.

C’est une bonne chose, notre métier nous apprend l’abstinence en même temps que l’expertise. Il nous apprend le choix. À force d’expérience, nous devenons difficile sur nos choix de consommation. Nous respectons la consommation de l’autre. Sans faire du wokisme de base, l’éducation nous permet un certain éveil. Et parfois, celui d’ouvrir les yeux à des collègues qui plongent. Mais pas à une fréquence plus importante que dans d’autres milieux.

Chez nos clients nous voyons la compréhension de notre façon de faire après plusieurs expériences. Au début, on pense que c’est gâcher. Mais non, vous ne gâcher rien en crachant, en jetant. Le vin est tiré, le travail de la vigne et de l’homme est exprimé et payé. Alors ne pas abîmer son corps quand on n’éprouve plus de plaisir, c’est sain !

La dégustation est une façon de rester en pleine conscience. En la pratiquant, nous constatons que le plaisir décroit avec la quantité. La modération devient alors naturelle. Ce qui ne doit pas nous empêcher de nous questionner régulièrement sur notre consommation, car l’addiction est perfide.

Apprenez à déguster, à éveiller vos sens et vous apprendrez à gérer votre consommation d’alcool !

Post-Scriptum

L’histoire ne nous dit pas si Emily a poursuivi la course à pied mais elle est devenue Chief Executive at London Sport…

L’opposé de Dry January, n’est pas le Wet January, créé par nos amis les belges (encore eux) le wet january consiste à se masturber quotidiennement pour lutter contre la dépression hivernale…ahahaha Ils sont géniaux !!! Mais ça peut aussi devenir une addiction, gare

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