Des Terroirs et Du Vin | Les conseils de Tata Pinard

Château La Rose Perrière- Lussac en plus grand

par | 3 Avr 2024

Il y quelques année déjà que je connais Le Château La Rose Perrière et Bruno son directeur technique. Le domaine se situe sur les hauteur de l’appellation, et partage le plateau Calcaire de St Emilion. Seuls quelques domaines ont cette chance sur les AOP Lussac St Emilion et Puisseguin St Emilion (Chateau Guibeau) comme le montre la carte d’étude des sols des saint-elites créée par Cornelis van Leeuwen. Les climats plus frais, autrefois handicap, devient peu à peu un avantage conséquent. Le domaine appartient à Claire Sylvain, fille du tonnelier (tonnellerie Sylvain), elle est à l’origine de nombreuses expérimentations sur le domaine.

Carte des terroirs et climats des Saint-élites- Cornelis Van Leeuwen

C’est un Jardin Extra-ordinaire

Calcaire à asteries et végétation luxuriante- Château La Rose Perrière

La question d’une conduite en bio, biodynamie ou la critique souvent faite au label HVE3 n’a pas lieu ici. Ouvrez les yeux, observez, écoutez; la nature est partout ici. Foisonnante, luxuriante, l’énergie est belle. En découvrant le domaine il ne vous viendra pas à l’idée de demander si celui-ci est en bio, biodynamie ou aitres label écologique. La réponse est oui, mais les labels Bio et HVE3 sont bien trop récents pour correspondre à une réalité bien plus ancienne.

2 étangs locaux participent à tempérer le micro climats, mais l’achat de 2 hélices anti-gel ont quand même été nécessaire pour limiter les effets du gel de printemps devenu régulier. Les différents niveaux des terroirs auquel s’ajoute les différentes richesses du sol, n’entraîne pas forcément à des plantations de cépages différents. Bruno, préfère nous expliquer que la sélection se fera plus par les choix de greffons différents. Meilleures resistances au ph Bas, ou limitation de vigueur sur les sols plus riches et vice et versa comme diraient les inconnus.

L’accès à la. source d’eau nous permet de toucher et goûter le terroir du domaine. En effet, les éléments crayeux flottent à la surface de l’eau dans le puit.

La source d’eau est riche en nutriments calcaire issu du terroir

Quand un vignoble est aussi une tonnellerie

La particularité du Château La Rose Perrière est d’appartenir à une famille de tonneliers, la famille Sylvain. La vinification des vins n’a ici rien de différent de ce que nous pouvons voir dans d’autres châteaux du coin. Vendanges à la main, tri, éraflage et puis fermentation alcoolique en cuve INOX thermorégulée. Pas d’essai en argile ou béton, ici c’est le bois qui règne !!

Et évidemment il y a des vinifications intégrales…Bruno nous explique ce qu’ils ont pu faire en R&D. Par exemple comment gérer le chapeau de Marc en fût sans extraire les amers des pépins de raisins. Combien de temps il prend à goûter les pépins et les raisins avant de lancer les vendanges. Il faut que le pépin soit noir et goûte la noisette, surtout pour les vinif’ intégrale. Car les pépins mûrs flottent mais pas les pépins verts, qui deviennent alors dangereux si l’on bouge la barrique. Car une façon classique de gérer le marc dans les fût est celle de bouger le fût d’un quart de tour. Mais si les pépins « verts » sont présents alors ils risquent de s’associer au goût du vin. La solution , Immerger le chapeau de marc en remplissant le fût en mode de débordement.

Pour les besoin de clients de fût venant des USA ou d’ailleurs, de vignes de Pinot Noir et de Syrah sont aussi plantées et servent à la R&D.

Fûts de vinif’ intégrale- Château La Rose Perrière

Ce que l’on apprend du Chais à Barrique

On apprend que Colbert est à l’origine de la gestion des forêts de chênes. Que c’est la plantation en forte densité qui permet

1/ d’empêcher l’apparition des branches sur les premières dizaine de mètres de l’arbre (donc pas de nœud)

2/ Que cette densité permet une sélection naturelle des meilleurs arbres

3/ Que les arbres étant protégés, quand ils sont abattus, sont vendus aux enchères et que la tonnellerie Sylvain en tire des fûts de collection…SUPERBES

Chais du château La Rose Perrière

Véritables joyaux du domaine, on sent Bruno amoureux de ces fidèles amis. On le savait déjà, mais non le bois ne gâche pas le vin. Une jolie image entre la purée et le fût nous démontre l’importance d’un élevage bien géré. Soit que le « boisé » doit correspondre au beurre et à la crème qu’on ajoute à nos pomme de terre. Mais ne doit pas devenir la pomme de terre. Loin des propos qui voudraient nous faire croire que le bois tue le vin, nous comprenons que celui-ci l’accompagne.

La dégustation ne démentira pas ces propos.

Fût en INOX servant d’étalon

Côté Dégustation, ça donne quoi ?

Les vins de La Rose Perrière ne me sont pas inconnus, mais je dois dire que déguster à nouveau le Grand blanc a ouvert mes chakras. Dieu que c’est bon. Le fruité du Sauvignon Blanc, 90% de l’assemblage, exubérant, au notes d’Ananas, de fruit de la passion, d’écorce de citron vert. Les 7% de Sémillon et les 3% de Muscadelle lui confère du corps, de la rondeur. Le tout est admirablement drapé des notes vanillées du fût de 500 litres. C’est long, merci à l’élevage sur lies avec bâtonnage, tendre autant que rafraîchissant. Une petite merveille. Les Cépages blancs plantés sur les terroirs les plus frais, ce qui permet de maintenir ces belles acidités.

Et puis, il y a le grand vin: Château La Rose Perrière rouge. Les sols calcaires signent une texture ferme, une fraîcheur, le merlot, principal élément vibre d’arôme de framboise, de cerise mûres et juteuse. Le Cabernet Sauvignon atteint ses maturités et réhausse de notes de cassis et d’une belle acidité. La concentration aromatique et la texture de ces vins permettent grandement l’accueil d’un boisé présent mais tout en dentelle. Un joli vin de garde (10 à15 ans) mais déjà grandement plaisant.

Pour la petite histoire, nous avons emporté dans nos malles les 2 cuvées « atypiques », celles à base de Pinot Noir et de Syrah. Nos jeunes sommeliers se questionnant sur l’impact d’un climat trop chaleureux pour le pinot et un sol trop basique pour la Syrah…Sans surprise, même si le Pinot noir reste du Pinot noir, il ne dégage pas autant d’intensité aromatique ou de longueur que quand il pousse sur ces terroirs plus septentrionaux. La surprise nous vint de la Syrah…Mûre, myrtille, des accents du sud, des tannins souple, un joli boisé, un vin plus sur le fruit que sur l’épice mais très plaisant à l’apéritif.

Encore un grand merci à Bruno pour cette visite, et à bientôt

NB: Oui nous étions dans le train 😉

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