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Le champagne Acte III: Pages et cépages

par | 21 Déc 2023

Unique en son genre, le vignoble champenois ne reste pas figé dans ses certitudes. Confiant de sa puissance, les vignerons continuent d’œuvrer et d’innover à la vigne comme à la cave. Au sein de ses traditions, certains n’oublient pas les cépages historiques, dépassant le triptyque habituel des ceps.

Les cépages les plus connus et très largement produits (plus de 99 %) demeurent le chardonnay, le pinot noir et le pinot meunier. Quatre autres cépages sont autorisés au sein de l’appellation : l’arbane, le petit meslier, le pinot blanc et le pinot gris.

Ils ne représentent que 0,6 % du vignoble, mais possèdent caractéristiques singulières. Ces cépages anciens, délaissés un temps, car quelque peu capricieux, connaissent depuis quelques années un regain d’intérêt. Ils offrent des possibilités nouvelles pour les vins de Champagne en matière de goûts, de résistance aux maladies et pressions sanitaires, ainsi qu’aux évolutions climatiques.

Le quatuor de cépages à (re)connaître

L’arbane : cépage méconnu et curieux, l’arbane mûrit tardivement et est difficile à travailler. Il craint les intempéries et se montre difficile à presser. Il offre une grande finesse au champagne ainsi que des notes florales (aubépine, œillet) et fruitées (pêche de vigne, pomme, coing).

Le petit meslier : le petit meslier possède de petites grappes et de petits grains. Peu vigoureux, peu productif et très sensible aux maladies. Il amène au champagne un nez fumé qui se retrouve en bouche, ainsi que des notes d’agrumes.

Le pinot gris : il s’agit d’un cousin, décliné du pinot noir. Peu acide, il donne aux vins des notes de fruit sec et de fumée prononcées… À tel point qu’en Champagne on le surnomme « l’enfumé ».

Le pinot blanc : cet autre membre de la famille des pinots est une déclinaison du pinot gris (et donc du pinot noir). Plus régulier en production que le pinot gris et mûrit plus vite que le pinot noir. Il donne aux vins de l’ampleur et de la puissance.

N.B. : Les mêmes cépages sont nommés différemment selon les vignobles. Le chardonnay, par exemple, est baptisé melon blanc à Arbois, petite sainte-marie en Savoie, rousseau ou roussot dans l'Yonne, beaunois près de Tonnerre, luisant à Besançon, auvergnat blanc dans le Loiret, arnoison en Touraine…

De la recherche à la nécessité technique

Si le recours aux cépages autochtones, historiques, ancestraux, est parfois une mode, l’intérêt technique porté à ces baies oubliées (parfois retrouvées dans la littérature scientifique ou institutionnelle d’époque, voire perdues ici ou là dans des parcelles voire des jardins) est de toute première facture. Dans plusieurs vignobles de France, des recherches sont en cours pour dénicher des cépages délaissés depuis parfois plusieurs décennies.

Ces raisins élargissent la possibilité des assemblages des vins. Ils limitent les attaques sur les vignes (notamment de mildiou et d’oïdium) par leur diversité ampélographique. Leur épanouissement pour certains dans des vignobles voisins (en Bourgogne, en Alsace, dans le Jura) renseignent sur leur taille, leur productivité, leur résistance aux maladies. Autant d’information viticoles et œnologiques (microbiologiques, chimiques) utiles en amont.

L’introduction du Voltis, cépage Hybride est aussi une preuve de la capacité de ce vignoble à penser en dehors de la boîte. En effet, loin de tout intérêt gustatif, l’utilisation de ce cépage résistant permet de maintenir des niveaux de volume tout en respectant la loi interdisant les traitements sanitaires près des habitations. Ce cépage ne peut dépasser les 5% du volume. Le vignoble devient alors le terrain grandeur nature de l’observation de l’évolution d’un cépage hybride en France.

Le champagne donne le ton

Le vignoble champenois pourra trouver en ces cépages une des clés de son futur et, déjà, de son présent. Les vignerons surent toujours s’ouvrir à certaines nouveautés pour mieux travailler et mieux s’exporter. D’ailleurs, pourquoi autant de noms teutons dans les grandes maisons de Champagne ? En trois minutes cinquante deux d’une vidéoscopie introduisant des siècles d’Histoire. Les talents de caractère du vignoble crayeux n’ont pas fini d’écrire leur histoire.

Dès 2003, la filière viticole champenoise a mené une étude de son bilan carbone. Celle-ci a suscité une réflexion sur la possibilité de réduire l’impact environnemental lié aux bouteilles utilisées. En collaboration avec des verriers français, plusieurs expérimentations ont été menées auprès de nombreux opérateurs pour valider une bouteille de 835 g. C’est un pas en avant pour la filière qui s’est engagée à réduire son empreinte carbone de 25% dès 2020. Elle permet de réduire l’empreinte carbone de 8 000 tonnes par an, soit l’équivalent des émissions annuelles de 4 000 voitures.

L’objectif 100% en certification environnementale d’ici 2030 montre la volonté de ce vignoble à rester dans l’air du temps. Pour aller plus loin, je vous invite à lire cet article,

Mis en bouteille par Florian, Débouché par Stéphanie 😉

Sources : www.champagne.fr ; Le Grand Larousse du vin ; Traité d’œnologie de Pascal Ribéreau-Gayon ; Arte.

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